Le taureau bleu
Il était une fois une fillette dont la mère était morte.
Son père s’était remarié avec une femme qui la nourrissait mal et l’envoyait toute la journée au pré garder les vaches.
Avec les vaches, il y avait un petit taureau bleu.
Un jour que la fillette pleurait, le taureau s’approcha d’elle et lui dit:
- Plonge la main dans mon oreille, tu y trouveras ce que ton cœur désire!
La fillette plongea la main dans l’oreille du taureau et y découvrit une tartine beurrée.
Ce fut pareil les jours suivants.
La marâtre, voyant que l’enfant gardait bonne mine, alla se cacher aux abords du pré. Elle vit et murmura:
- Demain je conduirai ce taureau au boucher!
Si bas qu’elle eût parlé, le taureau l’entendit. Il dit à la fillette:
- Ta marâtre veut ma mort. Sauvons-nous d’ici.
Ils partirent tous les deux avant l’aube sur des chemins inconnus.
Bientôt, devant eux, s’ouvrit un bois dont les arbres portaient des feuilles d’or.
- Surtout ne touche pas les feuilles, tu réveillerais des lions.
Par mégarde, la fillette toucha la dernière feuille du dernier arbre. Des lions surgirent. Le taureau se battit contre eux et parvint à les tuer tous. Mais il était grièvement blessé.
- Je vais mourir. Tu m’enterreras ici et tu continueras ton chemin. Tu arriveras devant un château. Tu t’y feras engager comme gardeuse d’oies. Quand tu auras besoin de quelque chose, tu viendras sur ma tombe et je te le donnerai.
Le taureau mourut. La fillette l’enterra. Ensuite, elle alla se faire engager comme gardeuse d’oies au château. Elle reçut un vêtement couleur de bois et fut appelée Jaquette de bois.
Toute la semaine, elle menait les oies au pâturage. Le dimanche, elle devait faire la cuisine pendant que les autres allaient à la messe au village.
Un jour, elle désira aller à la messe elle aussi. Elle se rendit donc sur la tombe de son taureau bleu et lui demanda une belle robe. Elle reçut aussitôt une robe de soie couleur d’or.
A l’église tout le monde admira la belle inconnue dans sa robe de soie. Le jeune seigneur à qui appartenait le château en oublia d’écouter le curé tant il la regardait. Il aurait bien aimé lui parler, mais elle s’enfuit avant la fin de la messe pour retourner travailler à la cuisine dans sa robe couleur de bois.
Le jeune seigneur, qui avait pris l’habitude de venir s’asseoir le soir au coin du feu, dans la cuisine, à côté de la petite gardeuse d’oies, lui confia sa peine:
- Ah Jaquette, si tu savais comme elle me plaît!
- Peut-être lui plaisez-vous aussi. Dimanche prochain, quand elle s’enfuira, poursuivez-la!
Le dimanche suivant à la fin de la messe, le seigneur se lança à ses trousses.
Elle disparut subitement à sa vue mais elle avait perdu sa minuscule pantoufle dorée.
- Jacquette, comment retrouver cette belle inconnue ?
- Faites savoir que vous épouserez celle qui pourra chausser la petite pantoufle dorée!
Il fit donner une fête. Toutes les filles de la région essayèrent la pantoufle dorée. Aucune n’avait le pied assez menu.
Le jeune seigneur en perdit le goût de boire et de manger.
Un soir qu’il était assis à côté de Jacquette dans la cuisine, il vit soudain son petit pied dans le gros sabot de bois!
- Eh mais toi, Jacquette, tu n’as pas essayé la pantoufle dorée!
- Ce n’est pas la peine!
Il la regarda pour la première fois dans les yeux et il dit:
- Je te demande d’essayer la pantoufle!
Jacquette de bois sortit en courant de la cuisine et revint bientôt dans la belle robe couleur d’or que lui avait donnée le taureau bleu. Elle portait une pantoufle dorée, son autre pied était nu.
Quelques jours plus tard les cloches de l’église sonnèrent pour célébrer le mariage de la belle jeune fille et du jeune seigneur.
Classification AaTh: 511a, (The Little Red Ox
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France