L'autruche
De mémoire d'homme, on n’a jamais vu d'autruche à Fondé, le village de Moussa. Un matin, un animal géant, haut sur pattes, qui ne ressemble pas à un oiseau parce qu'il est grand comme un chameau, mais qui ne ressemble pas non plus à un mammifère parce qu'il a des plumes et qu'il a seulement deux pattes. Cet animal bizarre entre dans le village, se dirige sur la place du marché où sont déjà réunis Moussa le vieux commerçant et plusieurs personnes.
En voyant la bête, tous, vieux et jeunes, s’enfuient. L'animal, seul sur la place, se promène tranquillement. Au bout d'un moment, un enfant qui était caché sous une peau de chameau non loin de l'autruche, claque de ses deux mains pour lui faire peur, et là, on voit l'autruche qui esquisse des pas de danse, l'enfant recommence et l'autruche se met à danser, aussitôt les enfants puis les adultes se regroupent autour de lui en tapant des mains et l'autruche continue de danser de plus belle.
La nouvelle se répand dans tous les villages et jusqu'aux confins de la forêt car en ce temps-là, les animaux et les hommes parlaient le même langage. Aussitôt, le lion apprend la nouvelle, justement cela coïncide avec la naissance de son fils, un beau petit lionceau. Le lion invite tout le monde à une grande fête, l'autruche et tous les grands danseurs du pays.
À cette occasion le lion décide de faire des cadeaux et de donner beaucoup de privilèges au meilleur danseur, ainsi qu’à sa famille et à ses proches parents. Tout le monde répond à l'appel et la fête commence. Chacun danse de son côté. Le roi lion s'installe au milieu de tout le monde avec sa femme et le petit bébé bien installé dans sa couchette.
Bouki l’hyène, qui ne savait pas danser, mais qui voulait attirer les faveurs du lion, s'active en faisant des va et vient entre la foule et la famille royale. Au bout d'un moment, l'autruche danse si bien qu’elle attire l'attention de tout le public. Tous les animaux s’arrêtent de danser pour la regarder et l'applaudir. C’est alors que Bouki s'approche du lion et lui chuchote au creux de l'oreille:
- C’est ma nièce, c’est ma nièce!
L’autruche continue sa danse en sautant, virevoltant partout, et dans son élan, elle piétine et éventre le petit lionceau, puis sans attendre s'envole dans les airs. Après avoir constaté le drame, le lion dit à l'assemblée:
- Nous allons venger mon fils, car si l'autruche s'est enfuie, son oncle est parmi nous.
Et il désigne Bouki l’hyène. Bouki, les larmes aux yeux, dit:
- Ce n'est pas possible, ce n’est pas possible, il n'y a aucun lien de parenté entre l'autruche qui est un oiseau et le mammifère que je suis.
Mon conte est fini, le premier qui respire ira au Paradis.