Grande Étoile
Elle s’appelait Grande Etoile et ses frères, Ciel et Soleil. Ces trois jeunes gens habitaient dans la plus belle des maisons. Elle était cachée dans les arbres, au bord d’une grande rivière et bâtie si légèrement parmi les branches et les fleurs qu’elle aurait pu être invisible. C’était une maison parfaite. C’était une maison bénie. C’était l’œuvre de Grande Etoile. Quand, par bonheur, on y était invité, c’était comme entrer dans un cœur. Et c’était plus grand que le monde. Tout y chantait. Tout y riait. Grande Etoile était la joie même.
Quand elle était arrivée là, petite enfant abandonnée dans un berceau sur la rivière, cet endroit était devenu comme le paradis sur terre.
Un vieux meunier et son épouse l’avaient trouvée au bord de l’eau comme auparavant ils avaient trouvé ses deux frères ainés. Ces bonnes gens n’avaient pas pu avoir d’enfant et voilà qu’ils en avaient trois. Devant eux, tout émerveillés, les portes de ce grand bonheur qu’ils avaient cessé d’espérer s’ouvraient à eux, voir venir un enfant chez soi. Le monde leur appartenait. Et c’était vrai, ces enfants étaient leur soleil, tout en même temps que leur ciel et plus encore leur grande étoile.
Mais ce bonheur passa trop vite. Les enfants grandissaient trop vite, trop vite aux yeux de leurs parents, qui trop vite aussi vieillissaient. Grande Etoile veillait sur eux, jour et nuit les accompagnait. Et puis un jour, elle les trouva endormis et ils ne se réveillèrent pas. Elle était seule avec ses frères et presque aussi abandonnée que quand ils étaient arrivés dans leurs berceaux sur la rivière. Ils ne pourraient jamais connaître ceux qui les avaient mis au monde, ceux qui étaient leurs vrais parents.
Pourtant ils n’étaient pas très loin, ces vrais parents si désirés. Mais qui aurait pu deviner que c’était le roi et la reine ?
Ce roi devenu si cruel, cette reine déshonorée, enfermée dans une prison, après ses trois accouchements.
Celle qui aurait pu répondre, c’était le monstre que tout le monde connaissait, elle s’était débarrassée de ces enfants le jour même de leur naissance en les jetant dans la rivière.
Celle qui aurait pu répondre, c’était le monstre qui avait accablé le roi de mensonges et elle avait dit :
- La reine a accouché d’un chien, d’un chat et d’un vilain morceau de bois.
Elle avait convaincu le roi.
Elle avait agi en secret et personne ne l’avait vu, et quand bien même on l’aurait vu, on ne l’aurait pas révélé car ce monstre, ce criminel, c’était la mère de ce roi, la puissante mère du roi, jalouse de sa belle-fille.
Et tant qu’elle ne dirait rien, personne ne pourrait savoir. Et elle préférait mourir plutôt que dire la vérité. Et ces enfants, et leurs véritables parents, resteraient toujours séparés par ce secret qu’elle avait tissé autour d’eux.
Un jour, Grande Etoile aperçut une vieille qui observait la maison attentivement. En la voyant et sans pouvoir se l’expliquer, Grande Etoile sentit en elle un grand sentiment de tendresse.
C’était sa méchante grand-mère. Elle avait appris l’existence de la maison et de ces trois beaux jeunes gens qui l’habitaient. Elle s’en était inquiétée. Elle craignait que ces enfants ne soient ceux qu’elle avait noyés, qu’elle croyait avoir noyés (chaque nuit, elle les voyait dans ses rêves sortir de l’eau où elle les avait jetés. Ils venaient se blottir contre elle, elle en était terrorisée
Tags:
France